Cette publication du Réseau Action Climat et Developement (RC&D) permet de comprendre pourquoi et comment les acteurs non-étatiques peuvent devenir des éléments essentiels pour réaliser l’Accord de Paris. Il s’agit à la fois d’identifier les freins à l’inclusion des acteurs non-étatiques, mais aussi de définir des leviers d’action favorisant leur participation à toutes les échelles d’action.
L’ accord de Paris en 2015 marque un point de départ indispensable pour enrayer la crise climatique. Mais l’essentiel reste à faire après son adoption. En effet, il s’agit désormais de négocier les mécanismes de mise en œuvre qui n’ont pas été décidés à l’occasion de la COP21 et de travailler à la réalisation des objectifs de l’accord.
Il faut également s’assurer que les contributions nationales des pays (CDN) accélèrent réellement les efforts de lutte contre les dérèglements climatiques et soient elles-mêmes renforcées pour répondre aux priorités des pays les plus pauvres et les plus vulnérables.
La très grande majorité des pays africains, ont soumis leurs CPDN avant la COP21 et des processus sont en cours pour les réviser, les renforcer ou les mettre en œuvre. L’implication de l’ensemble des acteurs à toutes les échelles, aussi bien au niveau international, national, qu’infranational est un impératif pour leur concrétisation. Dès lors, les acteurs non-étatiques, au premier rang desquelles les ONG, les associations et les collectivités locales prises en compte dans cette étude, doivent jouer un rôle moteur dans ces processus. À travers leur inclusion dans l’ensemble des dynamiques et à tous les niveaux, ils ont en effet le potentiel de rendre la mise en œuvre de l’accord de Paris non seulement effective mais aussi ambitieuse.
Cependant les acteurs non-étatiques sont confrontés à de multiples freins institutionnels qui rendent difficiles l’accès aux instances d’élaboration, de décision et aux financements climatiques nécessaires pour valoriser et pérenniser leur expérience. N’ayant pas ou peu accès à l’information, ces acteurs n’ont pas toujours les moyens de suivre les processus de manière efficiente. Il est alors important de renforcer leurs compétences techniques sur les changements climatiques, mais aussi de valoriser les synergies pouvant émerger entre eux. De ces barrières résulte parfois une faible appropriation des initiatives internationales, nationales et locales, pouvant alimenter
le désengagement des acteurs non-étatiques et limiter l’impact de ces différents processus.
Heureusement, il existe de nombreux leviers pouvant enrayer ces barrières et mener à une mise en œuvre inclusive de l’accord de Paris. Des exemples inspirants existent pour mobiliser et inclure les acteurs non-étatiques.
Au Bénin, dans le Groupement Intercommunal des Collines (GIC), se déroule une expérience pionnière où ONG, autorités locales, populations bénéficiaires et experts nationaux et internationaux travaillent main dans la main pour faire face aux changements climatiques, grâce à la volonté des communes d’allier différents acteurs non-étatiques à l’échelle locale.
Au Togo, l’élaboration de la CPDN a suivi un processus participatif et inclusif avec une implication non seulement des ministères sectoriels et du patronat mais aussi des organisations de la société civile. Cette démarche, enclenchée par l’État togolais à travers le Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières (MERF), a permis aux acteurs non-étatiques de participer au processus et à favoriser la prise en compte de leur expérience.
Au Maroc, l’initiative « 4C Maroc » est un exemple de coordination intersectorielle pour lutter contre les changements climatiques. Son mode de gouvernance novateur allie les acteurs étatiques, le secteur privé, le secteur de la recherche et la société civile. Cette initiative, bien que n’étant qu’à ses débuts, est porteuse de solutions pour permettre l’inclusion des acteurs non-étatiques dans l’élaboration des politiques climatiques.
La richesse des projets présentés montre qu’il existe de nombreuses initiatives nationales et locales porteuses d’approches et d’outils innovants. Il est donc nécessaire de repenser les interactions entre les échelons en diffusant les pratiques et les informations au sein de toutes les sphères d’action climatiques, à toutes les échelles. Il s’agit de (1) renforcer la participation des acteurs non-étatiques dans tous les espaces de discussions à l’échelle internationale ; (2) renforcer l’inclusion des acteurs non-étatiques
pour l’application des processus climat à l’échelle nationale ; et (3) assurer une coopération entre les acteurs politiques locaux et les acteurs non-étatiques pour la mise en œuvre de plans climatiques et de développement locaux adaptés.