- Les émissions mondiales de CO2 ont atteint un nouveau record en 2022, malgré la chute conjoncturelle observée en 2020, l’année de la pandémie de Covid-19.
- Les émissions stagnent dans l’OCDE. L’UE et le Royaume-Uni ont entamé une réduction durable de leurs émissions territoriales. La tendance est plus erratique aux États-Unis depuis 2000. Le Japon a atteint un pic en 2013, comme l’Australie (2017) et la Corée du Sud (2018), plus sous l’effet d’une faible croissance du PIB que d’une réelle bascule du mix énergétique.
- Les émissions croissent surtout hors-OCDE, qui représentent désormais 60 % des émission mondiales. Plus de 70 % de la croissance des émissions mondiales depuis 2000 a eu lieu en Chine, où les émissions par habitant dépassent même celles de l’UE. Les émissions par habitant de l’Inde ou de l’Indonésie restent très inférieures à celles pays industrialisés.
- De mieux en mieux mesurées, les inégalités carbone s’observent désormais autant entre nations qu’entre niveaux de revenus à l’intérieur même des pays. Ainsi, l’empreinte carbone des classes moyennes et des hauts revenus en Chine converge avec celle des pays industrialisées, et creuse l’écart avec les revenus les plus faibles.
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- Les émissions de la production électrique augmentent depuis 2015, à l’exception de la baisse provoquée par la pandémie en 2020.
- Depuis 2015, les ajouts de capacité d’énergies renouvelables dépassent les ajouts de capacités fossiles (respectivement trois quarts et un quart de la capacité ajoutée entre 2019 et 2022). Mais trois fois plus de capacités renouvelables sont nécessaires en moyenne pour remplacer une capacité fossile.
- L’intensité carbone moyenne de la production d’électricité a donc diminué depuis 2015, mais la hausse de la demande mondiale dépasse la décarbonation du mix. Là où elle s’opère, la transition hors du charbon profite autant aux renouvelables qu’au gaz.
- Les subventions publiques maintiennent le charbon en vie en Asie, tandis que les investissements pétroliers dans les renouvelables sont toujours très insuffisants pour entamer une véritable transition.
Aller plus loin
- Depuis l’Accord de Paris, les émissions mondiales de CO2 du transport augmentent, sauf dans l’OCDE, en légère contraction. La demande de mobilité croît dans les pays du Sud, alors que les démarches de sobriété restent balbutiantes.
- Le succès des ventes de voitures électriques en Europe et en Chine n’a pas encore entamé l’hégémonie du pétrole, seulement grignotée par les biocarburants dans une poignée de pays (Norvège, Suède, Brésil…).
- Les constructeurs, dont les ventes baissent depuis cinq ans, ont résolument, engagé leur transition, mais la « SUVisation » du marché amortit les gains d’efficacité permis par l’électrification.
- Les feuilles de route des transports aériens et maritimes internationaux promeuvent des carburants alternatifs encore marginaux et sans infléchir la croissance de la demande.
- Les lignes ferroviaires à grande vitesse s’étendent, notamment en Chine. L’Europe réhabilite progressivement le rail de nuit et de proximité, et l’Inde a massivement électrifié ses lignes.
Aller plus loin
- La surface mondiale bâti augmente plus vite que les gains d’efficacité énergétique des bâtiments. Ainsi, les émissions du secteur sont en hausse depuis 2015.
- La consommation d’énergie des bâtiments hors-OCDE, portée par le bâti neuf et la croissance démographique, croît plus vite que dans l’OCDE, où la rénovation du bâti n’atteint pas les niveaux attendus.
- Dans le Nord, malgré une électrification progressive, la trop lente décarbonation du mix électrique freine la baisse des émissions du secteur. En Allemagne et aux États-Unis, des mouvement sociaux contestent la sortie du gaz voulue par les États et les municipalités dans les bâtiments neufs.
- À la lumière de sa vulnérabilité énergétique révélée par la guerre en Ukraine, la sobriété fait une entrée concrète dans les politiques européennes ; son impact reste à suivre dans la durée.
- Dans le Sud, la croissance des besoins de climatisation est fulgurante. Des initiatives encore isolées cherchent à créer de nouvelles filières autour des matériaux et savoir-faire traditionnels.
Aller plus loin
- Les émissions mondiales de CO2 de l’industrie ont légèrement crû entre 2015 et 2022, principalement poussées par la combustion d’énergie.
- Longtemps ignorée, la capture et le stockage du CO2 mobilise à nouveau les investisseurs — surtout des compagnies pétrolières, qui prolongent la durée de vie des puits en déplétion. Le potentiel de capture installée et en développement demeure très faible.
- Malgré des investissements politiques et financiers croissants depuis les plans de relance post-pandémie, les procédés de production d’hydrogène « vert » et ses usages décarbonés restent encore anecdotiques, et dépendent de la disponibilité d’un mix électrique décarboné.
- La quête de souveraineté sur les métaux stratégiques à la transition définit les contours d’une nouvelle géopolitique des matières premières entre pays industrialisés, la Chine contrôlant les chaînes de valeur, et les émergents riches en ressources naturelles (Indonésie, RDC, Bolivie…).
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- Depuis 2018, la part des processus circulaires (recyclage, compostage…) dans la consommation mondiale de matières premières recule : la croissance de la demande en matières premières vierges dépasse les progrès de la circularité globale.
- Le suivi de l’évolution de la production mondiale de déchets souffre d’un déficit de données agrégées : quantités de déchets sortent des radars, entrent dans des circuits informels ou disparaissent en décharges.
- Les fermetures des frontières chinoises et asiatiques à l’importation de déchets recyclables en 2018, puis l’amendement à la convention de Bâle sur les déchets dangereux, ont ralenti et réorienté les échanges internationaux de déchets vers de nouveaux pays. La mise en décharge et l’incinération des déchets, deux modes de traitement émetteurs de CH4 et de CO2, ont gagné du terrain.
- En Europe et, de plus en plus, en Amérique du Nord, les programmes de responsabilité élargie des producteurs (REP) et de consignes montrent leur capacité à organiser et financer les filières de collecte et de recyclage.
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- La perte annuelle de couvert forestier mondial ralentit depuis le pic atteint en 2016, mais reste supérieure à la moyenne 2000-2015. La capacité de stockage du carbone par les forêts continue donc de s’affaiblir.
- L’Indonésie a fortement ralenti son rythme de déforestation, qui accélère en revanche en RDC et au Brésil.
- Les objectifs internationaux contre la déforestation (Déclaration de New York), pour accélérer le reboisement (Défi de Bonn) ou pour la biodiversité (objectifs d’Aichi), n’ont globalement pas été atteints.
- Les financements pour la biodiversité et les forêts sont en croissance. Les crédits carbone « fondés sur la nature » sont moteurs dans le développement des marchés carbone volontaires.
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- Depuis l’Accord de Paris, la neutralité carbone est devenue la boussole de l’action climat des grandes entreprises et un nouveau moteur à leur stratégie de croissance.
- Souvent flous et réduits aux émissions « opérationnelles » (Scope 1 & 2), ces objectifs ignorent les émissions de la chaîne de valeur (Scope 3), pourtant derrière 75 % de leur empreinte carbone.
- Les plans de transition des entreprises qui doivent décrire les moyens d’atteindre la neutralité carbone manquent de précision sur les investissements et sur la transformation des modèles d’affaires.
- Plébiscitée par les entreprises, la compensation carbone via les marchés volontaires réclame davantage de crédibilité méthodologique et de transparence, alors que les allégation de « neutralité carbone » des entreprises commencent à être encadrées en Europe.
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- Les villes engagées dans la Convention des maires en Europe ont, selon les données rapportées, dépassé leurs objectifs d’atténuation moyen entre 2005 et 2020, en cohérence avec les objectifs de l’UE.
- La mobilisation des villes s’est considérablement accélérée en Amérique latine et en Afrique subsaharienne. En Europe, les plans d’adaptation gagnent en qualité.
- Partout dans le monde, l’analyse des progrès réels des collectivités se heurte à des difficultés de disponibilité de données fiables et cohérentes dans le temps. En Europe, l’écart moyen entre deux inventaires municipaux équivaut au mandat d’un maire français : six ans.
- Des nombreuses villes ont pérennisé des mesures de résilience contre la pandémie, comme le déploiement d’infrastructures cyclables. Les régions jouent, elles, un rôle central pour assurer une transition juste des bassins charbonniers.
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- Depuis 2015, la société civile a diversifié son répertoire d’action et radicalisé ses positions, multipliant les conflits et entraînant l’abandon des grands projets d’infrastructures contestés (Notre Dame des Landes, Yasuni…)
- L’activisme actionnarial se développe, mais les résolutions soutenues par les actionnaires emportent moins la confiance des assemblées générales que lorsqu’elles sont déposées par le board de l’entreprise.
- Le recours aux procédures judiciaires pour contester la politique d’un État, la stratégie d’une entreprise rencontrent de bons taux de succès devant les tribunaux. Au cas par cas, l’efficacité de la mise en œuvre des décisions reste encore à évaluer.
- La mobilisation de plus en plus fréquente du droit ou de la législation pour conférer des droits à la nature, aux écosystèmes ou aux animaux, gagne en popularité.
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