Dans le cadre de la Convention des Maires en Europe, 300 nouveaux plans de suivi des résultats ont été rendus en 2019 par les villes européennes, atteignant un total de 2 850. Ces plans permettent le suivi de la mise en œuvre des plans climat remis par les signataires de la Convention, toutefois, l’agrégation de ces nouvelles données n’est pas encore disponible. Les 124 régions ayant reporté leurs données auprès du CDP entre 2015 et 2019 dans le cadre de l’initiative Under2 Coalition attestent d’une réduction moyenne de 14,2 % des émissions de GES, de +3500 initiatives mises en oeuvre et représentent 670 millions d’habitants. Plusieurs régions dans le monde affichent des résultats supérieurs : l’État de Mexico -22 % ; South Australia -20 % ; ou Attica -25 %. Quant aux villes, les données du CDP permettent d’apprécier l’évolution de leurs émissions au cas par cas. Nous avons identifié 10 trajectoires encourageantes de villes grâce aux 4 dernières années de reporting : Stockholm -30 % ; Londres -23 % ; Madrid -10 % ; Cape Town -7 % … Enfin, 4 nouvelles villes du réseau C40 ont démontré avoir un atteint leur pic d’émissions en fournissant les données nécessaires pour établir une baisse continue sur 10 ans. Parallèlement, le C40 a calculé que la consommation de 79 villes de son réseau s’élevait à 3,5 GtCO2 e, soit 60 % de plus que les émissions territoriales (2,2 GtCO2 e), signifiant que les deux tiers de leurs émissions sont dus aux importations.
Le lancement de nombreuses Conventions régionales n’a pas permis d’atteindre un rythme d’adhésion similaire à ceux observés lors du lancement de la Convention européenne. Néanmoins l’initiative progresse sur tous les continents, avec 1 411 villes signataires (600 millions d’habitants) en dehors des villes de l’UE et d’Europe occidentale, dont 172 villes d’Afrique Sub-Saharienne (112 millions d’habitants). Le constat est similaire du côté des régions : le rythme de nouvelles régions rejoignant la Under2 Coalition et la RegionsAdapt, reportant leurs émissions ralentit (+4 en 2019, contre 10 en 2018 et près de 50 en 2017) mais progresse en Amérique Latine et en Afrique. Quant au RegionsAdapt, l’initiative compte un nouveau membre en 2018. Le dynamisme des villes et régions en Amérique latine est particulièrement notable. 343 villes (298 millions d’habitants) se sont engagées dans la Convention mondiale des maires et ont remis 60 inventaires supplémentaires en 2018. Les régions d’Amérique latine ont publié 12 nouveaux inventaires en 2018, ce qui en fait le continent le plus dynamique.
L’adhésion aux initiatives internationales ne rend pas compte de l’activité des villes et régions dans les pays, soumis à des obligations nationales, ou bénéficiant d’outils et de mécanismes nationaux propres. Par exemple sur les 1 700 collectivités des Philippines tenues par la législation nationale de formuler un plan d’action local, plus de 1 000 d’entre elles ont rempli leur obligation désormais, mais peu d’entres elles reportent sur les plateformes internationales. De même, en Corée, en 2015, déjà 210 villes sur 240 avaient remis leur Local Agenda 21 for Sustainable Development, exigé par la loi depuis 2008. Dans beaucoup de ces pays, les initiatives internationales de villes, viennent alors renforcer les acteurs et leurs outils établis à l’échelle nationale, via des ateliers ou la diffusion de bonnes pratiques.
Du côté des régions, l’initiative RegionsAdapt compte désormais 71 membres. En 2018, 38 ont reporté leurs données sur les risques et vulnérabilités face aux changements climatiques mais aussi 165 actions d’adaptation, pour la plupart sur le suivi des risques, la sensibilisation et la planification. La moitié d’entre eux disposent désormais d’un plan d’adaptation. Du côté des villes, les signataires des différentes Conventions des maires ont reporté au total 238 plans d’adaptation depuis leur lancement, dont la plus grande part proviennent d’Amérique du Nord (31). L’analyse en 2018 d’ICLEI sur les plus de +1 000 villes présentes sur le carbonn® Climate Registry illustre l’état d’avancement des villes dans la mise en œuvre de stratégies d’adaptation : seulement 21 % des collectivités ont entamé un processus de formulation d’une stratégie et 9 % ont atteint le stade de la mise en œuvre. 70 % des actions d’adaptation sont financées par les fonds propres des collectivités, illustrant le potentiel d’action supplémentaires qui pourraient être en mises en œuvre grâce à davantage de fonds extérieurs. Pour une analyse approfondie des actions d’adaptation mises en œuvre par les collectivités, parcourez le « Cahier Adaptation » qui dresse un Bilan 2019 des actions d’adaptation.
Ces études soulignent l’importance des co-bénéfices socio-économiques et sanitaires des actions afin de montrer que ces gains sont bien supérieurs au coût supplémentaire des solutions bas-carbone. Certains tentent même de quantifier ces gains : Climate Opportunity : More Jobs ; Better Health évaluent que la rénovation des bâtiments, les réseaux de bus et les réseaux de chaleur et de froid, peuvent à eux trois, réduire considérablement les émissions carbonées (1 242 MtCO2 ), créer 13,7 millions d’emplois, et éviter plus de 300 000 morts prématurées dues à la pollution. D’autres exemples montrent également que les actions climat et développement peuvent se renforcer mutuellement. « Driving Climate Action : State Leadership in India » concluent que les 10 États fédérés indiens les plus performants en termes d’action climat (émissions par personnes, taux de renouvelables, couvert forestier) sont aussi ceux qui affichent les meilleurs indicateurs socio-économiques (revenus par habitants, accès aux services essentiels).
13 nouveaux cas d’étude de villes et régions (Section II) viennent illustrer comment l’alignement des politiques publiques locales à des fins de mises en oeuvre des objectifs d’adaptation et d’atténuation permet des résultats significatifs en termes d’émissions de GES, de consommation d’énergie mais aussi de couvert forestier, de report modal, ou de capacité à collaborer avec les acteurs du territoire et les citoyens.
Le Report of the Secretary-General on SDG Progress 2019 notait déjà que « de nombreux gouvernements locaux ont pris l’initiative de mettre en œuvre les ODD systématiquement, allant dans certains cas plus loin que les gouvernements nationaux ». C’est pourquoi l’Observatoire a entrepris de relier sa sélection de 80 initiatives climat menées par des gouvernements locaux, aux Objectifs du Développement Durable (ODD) auxquels elles répondent, afin de faire un pont entre l’action climat et les problématiques de développement socio-économique. L’objectif est toujours d’illustrer de cas concrets l’action des collectivités territoriales et de dégager des tendances internationales parmi les instruments et politiques publiques mis en place par les villes et régions du monde.