Résilience accrue des femmes agricultrices de Kaolack face aux impacts des changements climatiques

L’initiative CEP-G contribue au projet de renforcement des capacités de planification de l’adaptation pour la sécurité alimentaire et la nutrition intitulé « Sécurité alimentaire : une agriculture adaptée » (SAGA) pour combattre les normes sociales et des inégalités basées sur le genre, couplées aux effets des changements climatiques.

Une initiative de Carrefour international

Présentation de l'initiative

L’initiative CEP-G vient contribuer au projet de renforcement des capacités de planification de l’adaptation pour la sécurité alimentaire et la nutrition intitulé « Sécurité alimentaire : une agriculture adaptée » (SAGA) mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) et financé par le ministère des relations internationales et de la francophonie (MRIF) du gouvernement du Québec.

Ce projet vise à renforcer la capacité des producteurs et productrices à s’adapter au changement climatique dans deux pays francophones particulièrement vulnérables à ses impacts : Haïti et le Sénégal. SAGA facilite notamment l’entreprise d’initiatives communautaires pilotes, permettant de contribuer à renforcer les capacités adaptatives de la société civile. Leurs résultats et leçons apprises sont aussi documentées et partagées au niveau national pour informer le processus de plan national d’adaptation pour le secteur de l’agriculture.

Des normes sociales et des inégalités basées sur le genre, couplées aux effets des changements climatiques affectent de façon disproportionnée les productrices de la région de Kaolack dans tous les aspects socioéconomiques de leur vie. Dans cette partie du Sénégal, on constate une pluviométrie en baisse continue, un appauvrissement des sols dû à la monoculture de l’arachide et à la salinisation des terres agricoles.

Cette situation a pour effet de réduire les récoltes, et par conséquent de baisser les revenus et d’augmenter l’insécurité alimentaire des populations les plus vulnérables, notamment des femmes et de leurs familles. Afin d’assurer l’autonomisation économique des productrices, Carrefour international propose de contribuer à renforcer la résilience face au changement climatique de productrices membres du réseau de 40 périmètres maraichers gérés exclusivement par des femmes et coordonnés par l’Association pour la promotion de la femme sénégalaise (APROFES), situés à Kaolack, une région du Sénégal où l’agriculture constitue la principale source de revenus permettant d’assurer la sécurité alimentaire et la nutrition de la majorité de la population.

À l’image des Champs-écoles producteurs (CEP) qui sont des lieux de formation pour un groupe de producteurs, « une école « sans murs » se déroule dans un champ, tout au long d’une saison de culture. » (FAO, 2014), le CEP-G est un lieu d’échange d’expériences et de connaissances entre productrices sur les stratégies d’adaptation aux changements climatiques (CC) dans le domaine de la production, de la transformation, de la conservation et de la commercialisation, mais également sur l’égalité de genre concernant la division des tâches ménagères, le contrôle des ressources, l’accès à la terre, l’implication dans les instances de prise de décision, etc. En plus de l’approche CEP conventionnel, le CEP-G est sensible à l’égalité de genre avec des modules spécifiques développés à partir des réalités locales.

Le CEP-G prévoit d’inviter plusieurs hommes de la région de Kaolack à assister aux sessions de formation et de sensibilisation sur l’égalité femme-homme (EFH). Le CEP-G inclut également la formation et la sensibilisation sur les questions de genre dans les localités concernées. A travers des causeries, des mises en situation, des sketchs éducatifs, des témoignages ou des présentations dynamiques, des questions relatives aux effets négatifs des inégalités de sexe, au leadership à la négociation des droits des femmes sont traitées.

Le CEP-G planifie de former, dans un premier temps, 25 facilitatrices (23 productrices venant de 11 périmètres maraichers du réseau et 2 techniciennes de l’APROFES). Les sessions de formation sont animées par des formateurs identifiés dans le réseau national des maitres formateurs (RNFS). Cette première formation de formatrices (FDF) est réalisée en six sessions d’une durée moyenne de sept jours par session, soit un total de 41 jours de formation. Pendant cinq mois, les 25 facilitatrices sont formées sur l’approche CEP-G. Elles réaliseront une enquête de base au début de leur formation. Celle-ci permet d’identifier les enjeux et les défis relatifs à l’adaptation aux CC dans la zone, ainsi que ceux relatifs au genre. Les thématiques spécifiques de formation sont choisies en réponse aux défis identifiés.

Les 25 facilitatrices formées pourront ainsi répliquer les connaissances acquises auprès de 275 femmes productrices choisies dans leurs onze (11) périmètres maraichers respectifs.  Ces dernières seront formées sur les techniques de production maraichères durables, sur les techniques traditionnelles et modernes d’adaptation aux changements climatiques, sur l’égalité de genre, sur les violences basées sur le genre, entre autres. Ces 11 CEP-G seront localisés dans les villages de Gapakh, Ndiobène, Kacothie, Thiambène, Dinguiraye, Darou, Samba Ndiaye, Ngap, Keur Balla Hanne, Keur A Mame et Nguindor, de la commune de Keur Socé.

À terme, les 11 nouveaux CEP-G permettront à toutes les femmes du réseau des 40 périmètres maraichers de l’APROFES, de maitriser des techniques naturelles de fertilisation et de lutte phytosanitaire, des techniques de production maraichères résilientes, d’identifier les insectes nuisibles ou utiles, entre autres. En outre, l’intégration et l’utilisation des connaissances et des pratiques agricoles adaptées aux impacts des changements climatiques, notamment par l’introduction de cultures mieux adaptées à la baisse de la pluviométrie dans la région, contribueront à renforcer la résilience des femmes productrices de Kaolack et de leurs communautés. Il s’agira ainsi d’améliorer la qualité et la quantité de la production agricole pour ces productrices, afin d’augmenter leurs revenus et de leur assurer une meilleure sécurité alimentaire.

Objectif

L’initiative CEP-G cherche à améliorer et renforcer les capacités des femmes productrices de Kaolack sur la mise en œuvre de stratégies d’adaptation aux changements climatiques pour une meilleure sécurité alimentaire, notamment sur la production et la mise en marché des produits agricoles adaptées.

Niveau de réalisation

Financement en cours

Dates du projet

15/04/2021 – 15/01/2022

Résultats quantitatifs

Les résultats quantitatifs suivants ont été atteint :

  1. Un CEP-G est installé : 3 périmètres maraichers sont aménagés (Nguindor, Keur Balla Hane et Thiambene). Chaque périmètre a bénéficié d’un renforcement de la clôture et du système d’irrigation existant pour faciliter la tenue de la formation des facilitatrices;
  2. 6 sessions de formation des facilitatrices tenues (pour un total de 41 jour étalé sur cinq mois);
  3. 6 modules de formation sont développés et traités pour les 25 facilitatrices:
  4. Animation et gestion d’un champs-école producteur;
  5. Etude de gestion sur la fonte du semis de la pépinière à la plantation;
  6. Etudes spéciales sur les effets du changement climatique, les énergies de substitution;
  7. Analyse de l’agroécosystème;
  8. Genre;
  9. Leadership.
  10. 25 facilitatrices sont formées selon l’approche CEP-G sur les techniques traditionnelles d’adaptation aux changements climatiques, et sur celles introduites par la recherche;
  11. 25 facilitatrices sont formées sur la notion de genre ; genre et le leadership ; genre et la citoyenneté ; les violences basées sur le genre ; genre et accès aux ressources de production;
  12. 147 membres (118 femmes et 29 hommes) de la communauté du village de Nguindor ont participé à une sensibilisation sur l’égalité de genre;
  13. 205 membres de la communauté dont 150 hommes ont assisté à une prestation théâtrale sur les enjeux liés aux changements climatiques et sur l’accès aux ressources de production pour les femmes;
Résultats qualitatifs

Les résultats qualitatifs du projet sont principalement représentés par le degré de maitrise des animatrices des notions d’égalité entre les genres, de techniques d’animation des CEP-G et de techniques agricoles adaptés aux changements climatiques, mais également sur la perception des communautés du genre et de la protection de l’environnement.

Lors de leur formation, les facilitatrices ont acquis plusieurs connaissances sur les différentes notions de genre (genre et leadership, genre et citoyenneté, genre et accès à la terre et aux facteurs de production, violences basées sur le genre, égalité de genre). A travers des exercices de rapportage journalier et des tests d’urnes menés par les formateurs lors des sessions, les facilitatrices ont su démontrer de nettes améliorations de leurs connaissances sur différents aspects liées au genre.

Sur les notions environnementales, elles affirment avoir assimilé l’approche d’analyse de l’agroécosystème (AAES), une méthodologie d’observation et d’étude des interactions entre la culture, son environnement (sol, éléments nutritifs, temps), les déprédateurs (agents pathogènes, insectes, mauvaises herbes) et les ennemis naturels (prédateurs, parasitoïdes). La maitrise de cette approche conservatrice et respectueuse de l’environnement a permis aux facilitatrices de changer de perception sur l’efficacité des approches de production non conventionnelles.  La prise de décision en gestion intégrée des prédateurs et des déprédateurs (GIPD) est basée sur l’AAES.

Les séances de formation théoriques et pratiques au champ principal de Nguindor et celles d’exercice dans les champs associés ont beaucoup participé à l’amélioration des compétences des facilitatrices. Ainsi les facilitatrices confirment maitriser à ce stade la formation, plusieurs techniques modernes de maraichage adaptées aux changements climatiques, telle que la production de plants et reboisement, les cultures à haute valeur nutritive, le test de compensation, le « zoo à insectes », entre autres.

En outre, ces 25 facilitatrices ont acquis toutes les connaissances nécessaires pour l’animation de champs-écoles producteurs, des techniques d’animations théoriques comme au champs, leurs sont données. Il s’agit, entre autres, des techniques pour mener des études de gestion, des études de compensation, l’utilisation des pièges, l’étude comparée de fertilisation.

Les activités de sensibilisation des communautés, à l’image des causeries, mises en situation, sketchs éducatifs, ont permis à celles-ci de mieux reconnaitre le rôle des femmes dans la production de richesse du village et la gestion des ressources naturelles. Les participants aux séances de sensibilisation, en majorité d’hommes, ont jugé intéressante et pertinente les thèmes abordés. La majorité affirme mieux reconnaitre les effets négatifs des inégalités de genres dues à la socialisation et aux pesanteurs socio-économiques. Les sketchs éducatifs réalisés sur les effets différenciés des changements climatiques, sur l’accès aux ressources de production selon le genre, sur le changement climatique, sur le maraichage et les difficultés d’accès aux ressources de production par les femmes, ont permis à la communauté présente lors des sessions de sensibilisation, d’affirmer être plus sensible à la protection de l’environnement et de mieux connaitre les pratiques agricoles qui lui sont nocifs.

Financement

L’initiative CEP-G est une activité contribuant au projet « Sécurité alimentaire : une agriculture adaptée » (SAGA) financé par le Gouvernement du Québec, coordonné par la FAO et implémenté par Carrefour international.

A propos
de l'organisation

Carrefour international

Site web
El hadj Babacar Samb
Représentant régional Afrique de l'ouest
babacar@cintl.org
00221 77 797 91 25

Créé en 1958, la mission de Carrefour International (Carrefour) vise à contribuer à un monde durable et plus équitable en mobilisant et en autonomisation les individus, les organisations et les communautés par le partage des connaissances, la solidarité et l’action collective. Notre vision est celle d’UN SEUL MONDE sans pauvreté, égalitaire et respectueux des droits des femmes et des filles.

L’approche holistique de Carrefour (2020-2027) s’articule autour de trois axes, soit le renforcement du leadership des femmes; les droits des femmes et la lutte contre les violences basées sur le genre et; le renforcement de l’autonomisation économique des femmes. Le résultat ultime dans notre théorie du changement vise l’amélioration de la protection des droits et du bien-être des personnes les plus pauvres, les plus marginalisées et vulnérables, en particulier les femmes et les filles.

Carrefour met en œuvre des actions et stratégies ciblées pour atteindre cet objectif, dont :

  • L’accompagnement des OSC locales et des institutions gouvernementales pour renforcer leur engagement et leurs capacités à intégrer le genre et l’intersectionnalité dans leur travail et leur engagement en faveur des droits des femmes et des filles.
  • Le renforcement des capacités des OSC locales par le volontariat : Nord-Sud, Sud-Nord, Sud-Sud par la participation des Canadien.ne.s.
  • L’identification et l’appui aux organisations progressistes des droits des femmes pour mettre en œuvre une approche ciblée de l’égalité de genre et accroître leur capacité à participer et à influencer l’élaboration de politiques et à responsabiliser les détenteurs d’obligations.
  • L’autonomisation économique des femmes et des jeunes pour un accès à des emplois décents par l’accès à la formation technique, professionnelle et entrepreneuriale; l’accès aux marchés et l’inclusion financière; et l’amélioration de la résilience des femmes et des jeunes en région rurale grâce à une agriculture intelligente face au climat (ASC) pour les entreprises agroécologiques et les organisations d’agriculteurs dirigées par des femmes;
  • L’appui au plaidoyer et à l’action collective pour changer les systèmes, les politiques, les lois et les pratiques aux niveaux local, national et international.

La stratégie de développement de Carrefour se concentre sur une approche de changement de comportement qui aborde les relations de pouvoir et les normes sexistes discriminatoires, tout en intégrant simultanément la protection et la promotion des droits des femmes et des filles, en renforçant leurs rôles de leadership et en garantissant leur autonomie économique tout en respectant l’environnement. Carrefour a une politique environnementale qui permet d’accroître, entre autres, la résilience des femmes au changement climatique et la durabilité de l’environnement.

Au Sénégal, Carrefour a soutenu plusieurs initiatives orientées vers l’agriculture intelligente et l’agroécologie. L’Association pour la promotion de la femme sénégalaise (APROFES), un de ses premiers partenaires, bénéficie depuis près de 15 ans d’un soutien pour renforcer la résilience face aux changements climatiques des productrices membres du réseau de 40 périmètres maraichers dans la région de Kaolack. En 2019, les interventions de Carrefour auprès de l’Aprofes ont ainsi bénéficié de l’appui de la FAO à travers le projet « Champs-écoles des productrices – Genre (CEP-G) pour renforcer la résilience des productrices de Kaolack ».

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en collaboration
  • Association pour la promotion de la femme sénégalaise

    ONG - Association

    Site web
    Soguy Ndiaye
    ndiayesoguy@gmail.com
    00221 776569063
  • Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

    ONG

    Site web
    Yacine Ndour
    ndeye.ndour@fao.org
    00221 775548821