Finance • En pleine expansion, le marché ESG en quête de standardisation des normes de transparence
Les institutions financières consacrent une attention croissante à leur impact environnemental, social et de gouvernance d’entreprise (ESG), le marché est en quête de transparence sur les performances extra-financières des actifs et des entreprises.
Alors que les institutions financières consacrent une attention croissante à leur impact environnemental, social et de gouvernance d’entreprise (ESG), le marché est en quête de transparence sur les performances extra-financières des actifs et des entreprises. La grande diversité des fournisseurs de données, l’absence de standards internationaux de reporting et de métriques communément partagées, contribuent en effet au développement d’un marché hétérogène en manque de boussole. Pour orienter efficacement les acteurs et normaliser les pratiques de divulgation, de nouvelles réglementations émergent et des initiatives internationales tentent d’ordonner le paysage.
- Les investissements ESG ont connu une croissance rapide, avec 649 Md$ investis en 2021, représentant 10 % des actifs mondiaux sous gestion. Cependant, malgré cette expansion, la diversité des engagements et la difficulté à fournir des données probantes révèlent des disparités et un besoin de critères ESG rigoureux pour atteindre les objectifs de développement durable.
- La standardisation des pratiques ESG est en cours avec des cadres internationaux tels que la TCFD et l’UNEP FI pour promouvoir la collecte et la communication d’informations et de performances ESG des entreprises. Les régulateurs adoptent des règles pour identifier les investissements à impact positif et des initiatives émergent pour améliorer la transparence via la divulgation de performances extra-financières, avec des cadres de référence comme les Principes pour une banque responsable (PRB) et les Principes pour une Assurance Responsable (PSI) pour assurer la conformité, la comparabilité et la responsabilité dans le reporting ESG.
- Les agences de notation jouent un rôle clé dans le marché en expansion des données ESG, influençant les choix d’investissement via des critères de notation basés sur les rapports extra-financiers des entreprises. L’importance croissante des données ESG pour maîtriser les risques liés aux activités des entreprises souligne la nécessité de normes standardisées, tandis que la concentration du marché des agences de notation promet une meilleure fiabilité et un accès plus facile à ces données.
- Les défis des données ESG incluent le manque de fiabilité des auto-évaluations des entreprises, la faible transparence des méthodologies de calcul et l’absence de normes pour assurer la comparabilité. Les différences entre fournisseurs de données et les disparités réglementaires internationales entraînent des variations dans les approches ESG et les notations, complexifiant les prises de décisions d’investissement responsables.
- Les acteurs financiers nécessitent un soutien public et des données d’entreprise disponibles pour répondre aux exigences de transparence ESG. Les nouvelles réglementations européennes telles que la directive sur les rapports de durabilité des entreprises visent à simplifier l’accès aux données ESG et à favoriser la standardisation.
- La rivalité entre EFRAG et ISSB pour les normes de reporting ESG crée des divergences dans les approches. Ces travaux de normalisation menés en parallèle présentent le risque de voir de brouiller ainsi les pratiques de reporting ESG des entreprises
Janine Guillot, directrice générale du SASB26 (Sustainability Accounting Standards Board), considère la transparence des pratiques ESG comme un « effort collectif de tous les acteurs du marché », notamment les propriétaires d’actifs, les gestionnaires d’actifs, les fournisseurs de données, les organismes de normalisation et les décideurs politiques. Réunir ce collectif est un défi en soi, mais un tel constat fait comprendre que pour faire face aux différentes problématiques contemporaines, un travail coordonné par les différentes parties prenantes, publiques ou privées, est un impératif. La mesure cadrée de l’empreinte des actions des acteurs financiers doit permettre d’identifier les meilleurs leviers d’action pour réduire cette empreinte. Cet effort passe par la standardisation des méthodologies de calcul, la solidification des bases de données et le renforcement de la fiabilité des systèmes de reporting.