Aviation • Des efforts engagés encore à l’état d’expérimentation
Cette fiche présente les deux spécificités majeurs du transport aérien: la forte croissance des ces émissions ainsi que le fait qu'il a été exclu du champ des négociations climatiques et des secteurs couverts par la Convention-cadre des Nationaux unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
2018
Jean Paul Ceron • Expert associé TEC politiques climatiques et énergétiques - Membre du GIEC
Introduction
Au regard du changement climatique, le transport aérien présente deux spécificités majeures. D’abord une forte croissance de ses émissions, que les progrès technologiques et organisationnels s’avèrent aujourd’hui incapables de contenir. Ensuite, le transport aérien international a été exclu du champ des négociations climatiques et des secteurs couverts par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Le dossier a été confié un organisme, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) rassemblant les acteurs dominants du secteur (constructeurs, compagnies aériennes). Il en est résulté une proposition de gestion des émissions à long terme du transport aérien : le dispositif CORSIA pour « Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation ».
Sommaire
1 • Les émissions du transport aérien en progression constante
2 • La prise en charge institutionnelle et politique des émissions de l’aviation: la proposition de l’OACI
- Le régime
- CORSIA
- Le positionnement des acteurs face aux grands systèmes de compensation
- La Suède, cavalier seul sur la taxation des vols
3 • Les systèmes de compensation volontaire
- Compensation volontaire mise en place par les compagnies aériennes en appui sur des labellisations
- Les tour-opérateurs tablent aussi sur la labellisation de compensation volontaire
4 • Les choix technologiques
- Les motorisations
- Les biocarburants
- Les aéroports
Conclusion
La croissance, extrêmement importante, du transport aérien telle qu’envisagée pour les prochaines décennies (augmentation du tourisme de masse, notamment) place l’ensemble des acteurs impliqués (constructeurs, compagnies, plateformes aéroportuaires) face à un défi majeur de contrôle des émissions carbone. Faisant figure d’exception par rapport aux accords entre États sous l’égide de la Convention climat, dans le transport aérien, tout comme dans le maritime, cette régulation a été laissée à la charge des acteurs eux-mêmes par l’intermédiaire d’organismes internationaux (OACI, IATA), même si les gouvernements nationaux continuent évidemment sur veiller à leurs intérêts comme on l’a vu avec l’épisode de l’ETS européen. Ce système de régulation s’appuie aussi sur un refus de limitation de la croissance du secteur, il n’a pas aujourd’hui démontré sa faisabilité, et suscite beaucoup de scepticisme sur les deux outils privilégiés, la compensation et l’appel aux biocarburants.
Pour autant, il faut noter que les acteurs investissent réellement sur des développements technologiques (motorisations et combustibles), sur la base de partenariats industriels, tant lors des périodes de vol qu’au niveau des infrastructures au sol. L’impact de ces nouvelles technologies en matière d’émissions carbone brutes et de durabilité environnementale (notamment sur les biocarburants consommés) sera donc un enjeu essentiel dans les années à venir.