Sommet Climate Chance – Afrique 2019
Accra, Ghana
Organisée du 16 au 18 octobre derniers à Accra au Ghana sur le thème « Travailler ensemble pour accélérer l’action sur le climat », la deuxième édition du Sommet Climate Chance - Afrique a réuni 2000 participants, représentant 50 nationalités (dont 34 nationalités africaines) et toute la diversité des acteurs non-étatiques mobilisés contre le changement climatique : gouvernements locaux, entreprises, syndicats, ONG environnementales, agriculteurs, organisations de femmes et de la jeunesse, chercheurs.
Une annonce financière majeure du Président de la République du Ghana en ouverture du Sommet
Ouvrant le Sommet, son excellence Nana Akufo-Addo, Président de la République du Ghana, a souligné le rôle de l’action locale sur le climat. « Les plans d’actions locaux sont essentiels, a-t-il déclaré. Agissons pour réduire l’empreinte carbone dans nos villes, et tous prendre part aux solutions. »
Le président ghanéen a également annoncé la mise en place de deux fonds d’une valeur totale de 300 millions de dollars pour la lutte contre le réchauffement climatique. « J’ai établi un groupe consultatif constitué d’éminentes personnalités du secteur privé qui mettent actuellement en place un fonds de 100 millions de dollars, consacré à l’atteinte des objectifs de développement durable, ainsi qu’un fonds vert doté d’une enveloppe de 200 millions de dollars afin de compléter les efforts du gouvernement sur les fronts du changement climatique et du développement durable », a-t-il détaillé.
L’ancien président de la République, son excellence John Kofi Kufuor, ancien envoyé spécial pour le climat aux Nations unies, a également honoré le sommet de sa présence.
L’importance de l’action locale en Afrique soulignée par les personnalités de haut-niveau
Pour le sénateur Ronan Dantec, président de l’Association Climate Chance et porte-parole climat de Cités et Gouvernement Locaux Unis (CGLU), « Le succès du sommet montre la volonté et le besoin des acteurs non-étatiques de travailler ensemble et de développer de nouveaux projets. Elle nous conforte dans notre volonté de continuer à nous investir pour le renforcement d’un environnement favorable à l’action climat en Afrique. »
Jean-Pierre Elong Mbassi, Secrétaire Général de CGLU-Afrique a insisté sur le fait que “le Sommet Climate Chance – Afrique vise a être la pré-COP des acteurs non-étatiques d’Afrique. »
L’Honorable Hajia Halima Mahama, Ministre des Gouvernements Locaux et du Développement Rural du Ghana a déclaré : « L’enjeu principal auquel les gouvernements locaux sont confrontés est celui de l’accès aux financements et ce sujet est traité dans le cadre de ce sommet. »
D’autres personnalités ont également contribué aux débats, dont Jeffrey Sachs, Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU sur les ODD et directeur du Columbia’s Center for Sustainable Development, Tomasz Chruszczow, Envoyé spécial pour le changement climatique, Champion de haut-niveau pour la COP 24 ou encore Luc Gnacadja, ancien ministre de l’environnement, du logement et de l’urbanisme au Bénin, ancien secrétaire exécutif de la Convention sur la Désertification, ainsi que de nombreux autres acteurs de référence mobilisés sur le climat.
Les collectivités locales fortement mobilisées
De nombreux maires africains ont également participé au Sommet, qui hébergeait notamment la conférence annuelle de la Convention des Maires pour l’Afrique Subsaharienne (CoM SSA), autour des thèmes de la finance, l’adaptation, l’atténuation et l’accès à l’énergie. A ce jour, plus de 200 municipalités de 36 pays d’Afrique subsaharienne ont adhéré à l’initiative CoM SSA, qui rassemble des villes de tout le continent africain désireuses de partager leurs expériences en matière d’urbanisme résilient au changement climatique et vise à développer et à mettre en œuvre des actions durables en matière de climat et d’énergie.
“L’engagement des parties prenantes est un ré-requis pour garantir que les objectifs communs soient collectivement atteints. Tous les pans de la sociétés sont importants et ont un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre le changement climatique” a déclaré Mohammed Adjei Sowah, le maire d’ Accra.
La Convention des Maires en Afrique Subsaharienne (CoM SSA), a également présenté deux nouvelles publications à l’occasion du Sommet : une cartographie des financements disponibles pour les villes africaines, et une liste de dix solutions de financement précises déjà mises en oeuvre.
ICLEI Afrique (Local Governments for Sustainability) a contribué à l’animation de nombreuses sessions au cours de ces trois journées. “Il est essentiel d’injecter de la passion dans les réseaux locaux qui peuvent travailler main dans la main avec les communautés afin de combattre le changement climatique”, a déclaré Vincent de Paul Kayanja, maire d’Entebbe (Ouganda) et membre d’ICLEI Afrique.
En adhérant à l’initiative CitiesWithNature, animée par ICLEI, The Nature Conservancy (TNC) et l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), une dizaine de villes africaines se sont engagées à conserver et restaurer la nature sur leur territoire au bénéfice de communautés locales et à communiquer de façon de plus en plus large sur leurs travaux.
En route vers l’action concrète grâce au travail continu de coalitions thématiques africaines
Le sommet a également abrité les séances de travail de neuf coalitions thématiques africaines :
– Accès aux financements climat
– Aménagement et villes durables
– Agriculture, alimentation et reforestation
– Energies renouvelables et efficacité énergétique
– Mobilité et transports durables
– Adaptation et eau
– Bâtiment et construction durable
– Education et formation au changement climatique
– Economie circulaire
Chacune de ces coalitions a organisé son atelier annuel, afin de poursuivre les travaux initiés lors du Sommet 2018 à Abidjan (Côte d’Ivoire), de capitaliser et d’affiner sa feuille de route, notamment en identifiant des projets concrets à mettre en oeuvre dans l’année à venir.
Parmi ces projets, citons la création d’un portail complet des possibilités de financement de l’action climat ; une réflexion sur la coordination de l’ensemble des acteurs travaillant sur les données climat sur le continent africain et la diffusion de ces données ; la création d’un réseau de collectivités et d’acteurs locaux rassemblés autour de l’habitat durable ; le recensement et la diffusion de bonnes pratiques sur l’eau et l’adaptation tout au long de l’année 2020 afin de construire un narratif commun en vue du forum mondial de l’eau à Dakar en 2021.
Les coalitions ont également réfléchi à la façon de renforcer leur animation tout au long de l’année par des personnes dédiées en local, mais aussi à de possibles déclinaisons de leurs feuilles de route à l’échelle de certains pays, comme cela a été fait au long de l’année 2019 au niveau de la Côte d’Ivoire, avec la définition d’une feuille de route ivoirienne pour une mobilité durable à l’horizon 2050.
Le Sommet a également été l’occasion pour des partenaires de rendre publiques certaines informations. L’Ademe International a ainsi publié son rapport « Électrifier l’Afrique rurale » et annoncé son soutien à 13 villes pilotes engagées dans la Convention des maires pour l’Afrique Subsaharienne.
Première pierre d’un réseau africain de journalistes autour du changement climatique
Le Sommet Climate Chance d’Accra a également offert à des journalistes africains préalablement sélectionnés, l’opportunité d’une formation sur les enjeux liés au changement climatique, délivrée par Climate Tracker. Elle a rassemblé une trentaine de journalistes francophones et anglophones de différents types de média venus du Nigeria, du Bénin, du Togo, du Burkina Faso, et plus d’une cinquantaine de journalistes ghanéens, auxquels elle a fourni des clés pour mieux couvrir le Sommet. Cette formation, qui avait reçu près de 500 candidatures, est la première étape d’un travail dans la durée de Climate Chance avec des journalistes africains autour du changement climatique.
Globalement, le Sommet a suscité une large couverture presse, aussi bien de la part de media francophones qu’anglophones.
Adoption de la Déclaration d’Accra
La Déclaration d’Accra, adoptée par les participants à l’issue du sommet, appelle les Etats à créer un environnement favorable à l’action locale et les institutions bancaires à faciliter l’accès des gouvernements locaux et des acteurs non-étatiques aux financements. Elle propose une nouvelle approche pour ré-évaluer les engagements nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, fondée sur la contribution des territoires (contributions déterminées au niveau local ou « Locally determined contributions »).
Cette déclaration acte l’importance prise par le Sommet Climate Chance Afrique, rendez-vous annuel des acteurs non-étatiques africains, en proposant que les messages communs délivrés par chaque sommet le soient désormais sous le chapeau du dialogue d’Accra pour le Climat.